Alpinisme

Mont Blanc express en parapente

Vol depuis le sommet

Le projet :

L’idée me trottait dans la tête depuis quelques temps déjà : partir le matin avec le premier train, monter rapidement au sommet du Mont Blanc puis redescendre par la voie des airs grâce au parapente.

Mais ce combo n’est pas facile à réaliser… Le Mont Blanc étant dans une zone interdite de vol  aux parapentes en juillet-août.  Puis le train fermant normalement la deuxième semaine de septembre, le créneau est donc court. Il faut ensuite trouver le coéquipier étant dispo, capable de s’enquiller une belle journée et ayant la capacité de décoller du sommet et tout ça en étant dispo lorsque je ne suis pas pris par mon activité de guide.
Et enfin la dernière condition et pas des moindres, il faut les conditions pour voler, c’est à dire pas de nuages à traverser et peu de vent ce qui est rare à 4810m.

Vous l’avez compris l’équation est compliquée et le vol n’est jamais garanti.

Cette année le train ouvre 1 semaine plus tard, ce qui agrandit la fenêtre de tir. C’est pendant cette prolongation que le créneau favorable se dessine. J’envoie donc un message à Léo et il est dispo, cool sur le papier ça a l’air de le faire.

Météo Mont Blanc
Le genre de message que l’on s’envoyait (avec la vitesse du vent)

La préparation :

C’est super excité que l’on fait les sacs. On cherche à être léger afin de monter rapidement mais tout en ayant tout le matériel nécessaire à la pratique de l’alpinisme en haute altitude.
Il nous faudra donc :

  • Un baudrier
  • Un casque
  • Des crampons semi light (mi acier mi alu)
  • Un piolet
  • Du matos glacière (broche, poulie, sangle, mousquetons etc)
  • Une corde de 30m
  • Un coupe vent, une doudoune, et 2 paires de gants (dont une grosse)
  • 1.5L d’eau et de quoi manger toutes les heures (sachant que le refuge du Gouter est ouvert et qu’au besoin on pourra refaire le plein).
  • Et un parapente + sellette ultra-light dans un sac de compression étanche. Pour moi une niviuk skin 2p 16m² et une double skin 20m² nova pour Léo.

Le tout rentre nickel dans le sac de 30L et le poids total est de 8kg (avec le plein d’eau/nourriture).

Le matériel
Le matériel

Le JOUR J :

C’est donc jeudi 19 septembre à 8h10 que l’on embarque dans le TMB pour rejoindre le nid d’aigle (2372m). La montée est pleine de doutes, il y a 2 mers de nuages (il va donc falloir qu’elles se disloquent avant notre décollage) et un fort vent d’est souffle au col de voza empêchant tout espoir de vol. 

La montée, à pied

On part donc à 9h30 du nid d’aigle en se disant que la descente se fera à pied mais que faire le Mont Blanc en aller-retour dans la journée c’est déjà sympa.

La météo à notre départ
La météo à notre départ

Le départ se fait sur un rythme rapide mais sur la retenue tout de même,  environ 2600 m de dénivelé en haute altitude avec les parapentes dans le dos nous attendent. Il faudra tenir jusqu’au bout, inutile de se cramer tout de suite. Finalement en 1h nous sommes à la cabane de tête rousse, ce qui est plutôt encourageant (il faut compter 2h30 en temps normal). Nous continuons notre ascension dans l’aiguille du goûter, je croise de nombreux collègues et ne peux m’empêcher de leur demander si il y a du vent au sommet . Leurs réponses sont plutôt évasives : « il y a 30/40km », « il y a 20/30 km » . Ce qui pour nous est complètement différent : à 20km/h ça décolle mais à 40km/h on redescend à pied… 

A 12h nous arrivons au refuge du goûter et à ce moment les conditions sont parfaites pour décoller. C’est super ! On se dit qu’au pire, si ça décolle pas du sommet, on devrait pouvoir s’échapper depuis ici (enfin si les conditions ne changent pas d’ici là…). 

Léo au gouter
Léo au niveau de l’ancien refuge du goûter, la mer de nuages se disloquant

Après une courte pause au refuge du Gouter, nous repartons sur notre bon rythme et c’est 2h plus tard que nous arrivons au sommet. Soit environ 4h30 d’effort depuis le train. La montée s’est super bien passée, on a rien vu passer, un vrai plaisir.

Maintenant c’est l’heure de vérité, peut on décoller du sommet ? Le vent est soutenu mais plus proche des 20km/h que des 40km/h. On s’attarde pas trop au sommet et on déplie les parapentes pour ce qui va être le plus beau plouf de ma (jeune) carrière de parapentiste.  

La descente, en parapente.

La prévol avec les voiles lights dans le vent n’est pas évidente. Heureusement nous avions prévu le coup et on avait plié les parapentes de manière à ne pas trop avoir de clefs. 

Le sommet avec la voile
Le sommet, au moment de déplier

Puis le moment magique arrive, nos pieds quittent le sommet et nous voilà en l’air sous nos parapentes.

Ça y est, on peut dire que c’est un Mont-Blanc parapente !

Quel plaisir de descendre par la voie des airs après tous ces doutes. On profite de ce vol extraordinaire au milieu des glaciers. La vue est extra.

Vol depuis le sommet
Les premiers instants de vol

45 min à profiter du paysages puis vient le moment de revenir sur terre. C’est à 15h que l’on retrouve notre point de départ, un peu choqué par ce qui s’est passé, il y a 45 min nous étions au sommet du mont Blanc et il y a peine 7h nous partions de la voiture…

L’atterrissage
Fin

Une journée mémorable pour un beau Mont-Blanc en parapente, merci Léo pour l’aventure ! 

N’hésitez pas à me contacter si un projet du genre vous tente (réalisable avec la présence d’un guide/moniteur de parapente).

La vidéo :